Et le Tout est dans Chaque Partie !

Publié le par lodicee

La responsabilisation n’est pas uniquement une individualisation de la relation individu-organisation.
Elle s’inscrit dans une démarche plus vaste visant à rééquilibrer voire renverser la forme de hiérarchie classique dans les organisations : la structure pyramidale de pouvoir avec un chef à sa tête.

Joël de Rosnay propose – prescrit – la mise en place de ce qu’il nomme le principe de subsomption (de subsumer : penser un objet individuel comme compris dans un ensemble).
« Plutôt que de nous penser enfermés dans des emboîtements successifs au sein de structures pyramidales, le principe de subsomption nous permet de nous représenter comme intégrés, sans nous y perdre, dans un plus grand que nous. Chaque [individu] représente la pointe d’une infinité de pyramides, ouvertes vers d’autres niveaux d’organisation. […] Plutôt que la dépendance au seul pouvoir d’une intelligence élective, la subsomption nous renvoie à la nécessité d’émergence d’une intelligence collective. »
[1]

Cette inscription de l’individu dans un tout, indissociable de chacun, lui confère l’autonomie nécessaire à l’accomplissement de ces tâches sans le dissoudre dans l’ensemble : conserver son individualité dans le collectif. En fondant ses activités sur un plan collectif, l’individu s’installe dans une relation responsabilisante avec l’organisation et donc, avec les autres individus.

En poussant la réflexion, Joël de Rosnay propose un modèle d’organisation basé sur les travaux du mathématicien français Benoît Mandelbrot, père de la géométrie fractale (le propos n’est pas ici d’introduire plus avant ces outils mathématiques
[2]).
La définition que donne Mandelbrot d’une fractale est la suivante : « une structure ou un objet dont les parties rappellent le tout, comme en écho, par une simple réduction d’échelle. »
[3]
De Rosnay construit, donc à partir de cette définition et de son principe de subsomption, une organisation fractale dans laquelle les changements sont la source d’améliorations permanentes. Cette organisation est structurée « en modules autonomes mais interdépendants comprenant tous les [individus] intervenant dans la production d’un objet [ou d’un service]. […] La motivation et la participation sont fortes dans les structures fractales car elles constituent, en germe, la totalité de [l’organisation]. »[4]

C’est l’autonomie et la responsabilité qui fait de chaque individu, une représentation de l’organisation, à lui seul. Il porte à la fois la stratégie, l’image, les savoirs de l’ensemble de l’organisation ; et ceci est d’autant plus vrai dans les organisations de services, dont la consommation par le client, du produit de l’organisation – le service –  s’effectue en direct avec l’individu. Le rôle du management est, dans ce contexte, plus basé sur le « faire confiance a priori et contrôler a posteriori »[5].

Par cette démarche, par la fractalisation de l’organisation, le management doit rechercher les conditions d’autonomie et de reconnaissance nécessaire pour susciter, chez  l’individu, l’implication et l’engagement.


[1] Joël de Rosnay : L’homme symbiotique – Editions du Seuil – Points Essais n° 357 – Paris 2000 – p.220

[2] Pour une information plus complète, je renvoie à son ouvrage Les objets fractals – Editions Flammarion – Champs n° 301 – Paris 1995

[3] Benoît Mandelbrot : Une approche fractale des marchés – Editions Odile Jacob – Paris 2004 – p.230

[4] Joël de Rosnay dans op.cit. p.272

[5] Marie Bellan : Réconcilier l’entreprise et ses salariés – Article paru dans Les Echos du Mardi 25 septembre 2007

Publié dans Management

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