La Pause Café, Fer de Lance de la Communication

Publié le par lodicee

Communiquer intensément, et pas dans le but de reprendre la main sur la maîtrise de l’information, mais simplement pour faire partie du jeu ; le management est, bien sûr, aussi un acteur de la communication, mais pas plus.
Si les outils ont encore du mal à voir le jour dans les organisations, des tentatives, pour proposer de nouvelles formes de communication, s’immiscent souvent sous l’impulsion d’un seul individu.

Je retiens deux exemples particuliers : les communautés de pratiques et les ‘places de marchés’.

La mise en place de Communautés de Pratique (COP) est un sujet d’actualité dans bon nombre d’organisations, principalement par la prise en compte que les individus, devenus travailleurs du savoir, ont des connaissances ou des expériences à partager. Une communauté de pratiques, c’est « un groupe de personnes qui partagent un intérêt sur un sujet, interagissent et créent des relations entre elles, partagent et développent de la connaissance, et ainsi contribuent au succès de l’organisation. »[1]
Une communauté de pratiques demande beaucoup d’investissement pour le management, et pas nécessairement sur un plan financier. Il lui faut pratiquer un certain lâcher prise, pour laisser des collaborateurs participer et échanger sur ce qui fait souvent la réussite d’une organisation. A nouveau, sans une existence officialisée, ces communautés finissent par émerger ça et là, plus ou moins formellement.

Pour les ‘places de marché’ (ou ‘Market Place’, nom originel), la communauté s’agrandit et se théâtralise. Initié par Benedikt Benenati, Directeur du développement des organisations et Responsable de la démarche de Knowledge Management du Groupe Danone, la ‘Market Place’ a pour but l’échange de bonnes pratiques et le partage de connaissances entre professionnels appartenant à la même entreprise, souvent disséminés sur un territoire très étendu.
La ‘Market Place’ rassemble sur un même lieu les différents individus pour faciliter l’interactivité. « Concrètement, à l’aide de chéquiers factices, les bonnes pratiques mises en avant par tel ou tel collaborateur (et qui on fait leurs preuves) sont achetées symboliquement par de futurs utilisateurs. Une façon de reconnaître leur pertinence et de s’engager à les appliquer de retour sur le terrain. »[2]

Ces deux exemples démontrent l’importance de la création de véritables réseaux sociaux, structurés et structurants pour l’organisation ; ce qui n’empêchera pas l’existence d’autres réseaux non contrôlés par ailleurs, renouvelant le processus permanent de communication.
La construction des changements s’inscrit pleinement dans l’émergence de ces modes de communications. « La question de la communication rejoint celle de l’évènement : c’est souvent lorsque l’on se mobilise autour d’un évènement que les occasions et les besoins de communication sont les plus forts. »[3]
Evidemment, de telle manifestation, comme la ‘Market Place’, demande non seulement une volonté mais aussi des structures.

A l’autre bout du spectre, une pratique très courante, et dont on ne soupçonne pas toujours la valeur fédératrice, a lieu chaque jour dans toutes les organisations : la pause-café.
Moment privilégié où se brisent « les cloisons disciplinaires ou organisationnelles [… et où, loin des procédures et des modes opératoires inscrits dans le marbre], les expertises locales, l’intelligence pratique individuelle et collective s’explicitent […] sous forme de narration, […] mode d’expression propice […] à la transmission de certains savoirs. » [4]

Pour en conserver toute sa valeur, la pause-café ne doit surtout pas être institutionnalisée : elle y perdrait ce qui fait sa richesse.


[1] Etienne Wenger dans Martin Roulleaux-Dugage : Organisation 2.0, Le knowledge management nouvelle génération – Groupe Eyrolles – Editions d’Organisations – Paris 2008 – p.109

[2] Eric Delon : Nouvelle donne pour le partage des connaissances en entreprise – Article paru dans Les Echos du Mardi 3 Juillet 2007

[3] Philippe Zarifian : L’enjeu de la communication comme compréhension réciproque – Article paru dans Les nouvelles organisations du travail – Problèmes politiques et sociaux – La documentation Française – N°867 du 14 décembre 2001 – p.35

[4] Raffi Duymedjian, Dominique Steiler : Eloge de la pause-café, un outil de la performance – Article paru dans La Tribune du Mardi 17 Avril 2007

Publié dans Communication

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